L’Église catholique kényane a récemment pris une décision marquante en refusant un don substantiel de 5 millions de shillings (environ 40 000 dollars) offert par le président William Ruto pour la construction d’un presbytère à Soweto. Cette décision, annoncée par l’archevêque Philip Anyolo de Nairobi, repose sur un principe fondamental : préserver la séparation entre religion et politique.
Contexte et arguments de l’Église
L’archevêque Anyolo a fermement déclaré que les manifestations religieuses ne devaient pas être utilisées comme des plateformes de promotion politique. Il a également rejeté d’autres contributions promises par le président, notamment 3 millions de shillings supplémentaires pour la construction et le don d’un bus paroissial. L’Église estime que ces dons, bien que généreux, risquent d’être perçus comme des instruments d’autopromotion politique, ce qui porte atteinte à la sacralité des lieux de culte.
Un climat de tensions croissantes
Ce rejet s’inscrit dans un contexte où plusieurs organisations religieuses au Kenya expriment de vives critiques à l’encontre du président Ruto et de son gouvernement. Depuis la mi-novembre, des institutions religieuses, dont les Églises Akurino et la Conférence des évêques catholiques du Kenya (KCCB), dénoncent la gestion politique, économique et sociale du président. Les griefs portent notamment sur :
- La corruption persistante.
- Une hausse des taxes affectant les citoyens.
- L’absence de réforme substantielle du système de santé.
- Une proposition controversée visant à rallonger la durée du mandat présidentiel, ce qui suscite des inquiétudes sur la démocratie.
Une prise de position rare
La KCCB, généralement neutre dans les affaires publiques, a adopté un ton critique inédit, accusant le gouvernement de « culture du mensonge ». Ces critiques, dans un pays où 85 % de la population est chrétienne, montrent un désalignement croissant entre les attentes des institutions religieuses et les actions du gouvernement.
L’Église catholique kényane, en refusant ce don, envoie un message clair sur l’importance de maintenir la religion à l’écart des enjeux politiques. Cela reflète également une désapprobation des politiques actuelles et pourrait signaler une rupture dans les relations entre le président Ruto et les organisations religieuses influentes du pays.