Le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, a pris des mesures drastiques contre plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) au Cameroun, les accusant de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme. Cette décision fait suite à une enquête menée par l’Agence Nationale d’Investigation Financière (ANIF), qui a révélé des écarts financiers importants dans les fonds reçus par ces organisations.
Les ONG concernées, telles que le Réseau d’Organisations de Défense des Droits de l’Homme en Afrique Centrale (REDAC), Reach Out Cameroon, et la Fondation Nanje, sont accusées d’avoir reçu plus de 16 milliards de FCFA alors que leurs activités sur le terrain n’ont nécessité que 400 millions de FCFA. Le ministre a lié cet écart à la situation d’insécurité dans certaines régions du pays, notamment le Nord-Ouest, le Sud-Ouest et l’Extrême-Nord, où des groupes armés sont actifs
Le Cameroun face à la menace du blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme : Les ONG sous enquête
Le Cameroun traverse une période particulièrement complexe sur le plan sécuritaire et financier. Le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, a récemment annoncé la suspension de plusieurs organisations non gouvernementales (ONG), suite à des soupçons de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme. Cette décision a été prise après une enquête approfondie menée par l’Agence Nationale d’Investigation Financière (ANIF), qui a révélé des anomalies financières inquiétantes.
Selon les informations révélées lors de la conférence de presse du ministre, l’ANIF a découvert que certaines ONG ont reçu des sommes faramineuses de 16 milliards de FCFA en très peu de temps. Cependant, les activités menées sur le terrain par ces mêmes organisations ne justifient qu’une fraction de ce montant, estimée à environ 400 millions de FCFA. Ce contraste flagrant entre les fonds reçus et les dépenses réelles sur le terrain a alarmé les autorités, qui soupçonnent que ces fonds aient été détournés pour financer des activités illégales, y compris des groupes terroristes opérant dans le pays.
Le ministre Paul Atanga Nji n’a pas manqué de souligner que cet écart financier pourrait être lié à l’instabilité et à la violence qui sévissent dans les régions du Nord-Ouest, du Sud-Ouest et de l’Extrême-Nord du Cameroun. Ces zones sont depuis plusieurs années sous la menace de groupes armés qui perturbent la paix et la sécurité des populations locales. Selon le ministre, certaines de ces ONG pourraient avoir indirectement contribué à nourrir ces conflits en finançant des activités liées à ces groupes.
La situation est d’autant plus préoccupante qu’elle touche des ONG qui, à l’origine, étaient censées œuvrer pour la défense des droits humains et la protection des populations vulnérables. Le ministre a cité plusieurs exemples d’organisations concernées par ces suspensions, dont le Réseau d’Organisations de Défense des Droits de l’Homme en Afrique Centrale (REDAC), Reach Out Cameroon, et la Fondation Nanje. Ces organisations, qui jouissent d’une réputation établie dans le pays, sont désormais sous le feu des projecteurs en raison de ces accusations graves.
L’impact de cette décision est majeur, tant sur le plan humanitaire que politique. D’une part, elle soulève des interrogations sur le financement des ONG opérant au Cameroun et sur la nécessité d’une régulation plus stricte de leurs activités. D’autre part, elle s’inscrit dans un contexte de tensions grandissantes entre le gouvernement camerounais et certaines organisations internationales qui dénoncent régulièrement les violations des droits humains dans les zones de conflit du pays. Ces accusations de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme risquent de nuire à l’image de ces organisations et de ternir leur travail humanitaire, tout en exacerbant la méfiance envers les initiatives de solidarité internationale.
Le ministre Paul Atanga Nji a insisté sur la nécessité de maintenir l’ordre et la sécurité dans le pays, soulignant que toute organisation, quelle qu’elle soit, qui tente de déstabiliser le Cameroun ou de financer des activités terroristes sera poursuivie. Le gouvernement met ainsi en garde contre toute forme de collaboration indirecte avec des groupes armés, rappelant que l’État camerounais est déterminé à lutter contre le financement du terrorisme sous toutes ses formes.
Cette affaire n’est pas sans rappeler d’autres enquêtes similaires menées dans d’autres pays d’Afrique et du Moyen-Orient, où des ONG ont été accusées de détourner des fonds à des fins militaires ou terroristes. Elle soulève également des questions sur la régulation des organisations internationales opérant dans des contextes de conflit, et sur la manière dont les États peuvent garantir que l’aide humanitaire ne soit pas utilisée à des fins politiques ou militaires.
Au-delà des mesures prises contre ces ONG, le ministre a également évoqué la situation d’insécurité persistante dans les régions touchées par les violences des groupes armés. Il a rappelé que le gouvernement camerounais reste engagé dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée, tout en appelant à une plus grande vigilance face aux sources potentielles de financement des groupes armés.
En conclusion, la suspension de ces ONG et l’enquête sur leur financement soulignent les défis complexes auxquels le Cameroun est confronté dans sa lutte contre le terrorisme et le blanchiment de capitaux. Cette situation met en lumière la nécessité d’une transparence accrue et d’une gestion rigoureuse des fonds, particulièrement dans un contexte où les enjeux de sécurité nationale sont au premier plan.
Les mois à venir seront cruciaux pour déterminer si ces mesures auront un impact durable sur la gestion des ONG au Cameroun, mais aussi sur la façon dont les autorités camerounaises traiteront les organisations internationales impliquées dans des activités dans le pays. Quant aux ONG concernées, elles se retrouveront face à des défis de réputation et de légitimité qui risquent de marquer durablement leur action humanitaire.