Depuis le 25 novembre, la Côte d’Ivoire s’est jointe à la campagne mondiale des « 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre », une initiative qui se poursuivra jusqu’au 10 décembre. Organisée par plusieurs ONGs et soutenue par les institutions publiques, cette campagne vise à sensibiliser la population sur les violences faites aux femmes et à améliorer la prise en charge des victimes.
Un fléau persistant malgré les progrès juridiques
En 2023, plus de 5 360 cas de violences basées sur le genre ont été signalés et pris en charge, selon le ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfant. Toutefois, ces chiffres ne reflètent qu’une partie de la réalité, car de nombreuses victimes choisissent de ne pas dénoncer leurs agresseurs. Plusieurs facteurs expliquent ce silence : l’accès limité aux services de santé, la stigmatisation sociale, et les barrières institutionnelles.
La Côte d’Ivoire a pourtant adopté des lois rigoureuses pour protéger les victimes, notamment en criminalisant le viol dans le Code pénal. Elle a également signé plusieurs conventions internationales, réaffirmant son engagement à lutter contre ce fléau. Malgré cela, la mise en œuvre effective de ces mesures reste un défi.
Encourager les victimes à briser le silence
Le ministre porte-parole du gouvernement, Amadou Coulibaly, a réaffirmé la volonté de l’État d’instaurer une tolérance zéro face aux violences. Des mécanismes spécifiques ont été mis en place dans les commissariats pour accompagner les victimes, y compris un encadrement psychologique. Toutefois, les efforts doivent être intensifiés pour surmonter les obstacles pratiques et culturels.
Des défis persistants dans l’accès à la justice
Un des principaux défis évoqués est le coût élevé du certificat médical, nécessaire pour entamer des poursuites judiciaires. Selon Marie-Thérèse Dia, membre de l’Association des Femmes Juristes de Côte d’Ivoire, ce document peut coûter jusqu’à 50 000 francs CFA, une somme souvent inabordable pour la majorité des citoyens.
« Il serait opportun que les médecins délivrent gratuitement un certificat médical aux victimes dans les trois jours suivant une agression. Cela renforcerait l’accès à la justice pour les victimes et supprimerait une barrière majeure », plaide-t-elle.
En outre, la persistance de solutions à l’amiable entre victimes et agresseurs est un autre obstacle à la résolution durable du problème. Ces arrangements informels empêchent souvent les victimes de recevoir l’accompagnement nécessaire pour guérir de leurs traumatismes physiques et psychologiques.
L’importance des « 16 jours d’activisme »
Pendant cette campagne, des conférences, des débats publics et des rencontres communautaires sont organisés pour sensibiliser les citoyens et promouvoir une culture de respect et de justice. Ces initiatives visent également à renforcer la formation des professionnels de la santé, des forces de l’ordre, et des acteurs judiciaires pour garantir une prise en charge optimale des cas de violences.
Un engagement pour l’avenir
Ces 16 jours d’activisme rappellent l’urgence d’un engagement collectif et soutenu pour éliminer les violences faites aux femmes en Côte d’Ivoire. Les ONGs, le gouvernement, et les citoyens doivent travailler ensemble pour bâtir une société où chaque femme se sent protégée et entendue.