Une nouvelle étude souligne une double utilité potentielle du scanner thoracique utilisé pour le dépistage du cancer du poumon. En plus de repérer des anomalies pulmonaires précoces, cet examen peut également détecter des signes de calcification dans les artères coronaires, un indicateur clé de maladies cardiovasculaires. Ces découvertes ouvrent la voie à une approche intégrée pour lutter contre deux causes principales de décès prématuré : le cancer du poumon et la maladie coronarienne.
Le double rôle du scanner thoracique
- Dépistage du cancer du poumon : Le scanner thoracique à faible dose (TDM) est recommandé pour les individus âgés de 50 ans et plus présentant des facteurs de risque (fumeurs de longue date, antécédents familiaux, maladies respiratoires chroniques). Cet examen permet de détecter des anomalies pulmonaires précoces, souvent invisibles sur des radiographies classiques.
- Détection des maladies coronariennes : Grâce à la capacité du scanner à détecter des dépôts de calcium dans les artères coronaires, il devient possible d’identifier des signes précoces d’athérosclérose, une condition où des plaques calcifiées rétrécissent les vaisseaux sanguins et augmentent le risque d’accidents cardiovasculaires.
Un avantage pronostique supplémentaire
Des chercheurs de l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa, publiant dans le Canadian Medical Association Journal, ont exploré cette double utilité. Ils ont étudié les tomodensitogrammes de 1486 participants à haut risque de cancer du poumon, âgés de 55 à 74 ans. Parmi eux :
- 83 % présentaient des calcifications coronariennes,
- 30 % avaient un niveau élevé de calcification, indiquant un risque accru de décès cardiovasculaire ou d’événements cardiaques.
Ces résultats montrent que la présence de calcium coronarien constitue un facteur prédictif indépendant de mortalité toutes causes confondues.
Enjeux et implications cliniques
L’identification accidentelle de calcifications coronariennes soulève cependant des défis :
- Gestion appropriée : Les cliniciens doivent évaluer si ces calcifications justifient des tests supplémentaires pour éviter des examens inutiles ou invasifs.
- Prévention ciblée : Lorsque des calcifications sont détectées, des mesures préventives, telles que des changements de mode de vie ou des traitements médicamenteux, peuvent être mises en place pour réduire les risques cardiovasculaires.
Les chercheurs insistent sur la prudence et la diligence dans l’interprétation des résultats pour maximiser les bénéfices du dépistage tout en minimisant les interventions inutiles.
Un appel pour des études prospectives
Bien que prometteuses, ces découvertes nécessitent des études supplémentaires pour établir des protocoles cliniques clairs. En attendant, les efforts de prévention cardiovasculaire pourraient être intégrés aux programmes de dépistage du cancer du poumon, offrant ainsi une approche de santé publique plus holistique.
Conclusion
Le dépistage du cancer du poumon, en détectant également des signes précoces de maladies cardiovasculaires, pourrait jouer un rôle clé dans la réduction de deux des principales causes de décès prématuré. Une gestion rigoureuse de ces découvertes fortuites est essentielle pour exploiter pleinement le potentiel de cette double approche diagnostique.