Le 10 décembre 2024, suite aux décisions du ministère de l’Administration territoriale (MINAT) de suspendre les activités de plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) au Cameroun, dont le Rhedac (Réseau des Défenseurs des Droits de l’Homme en Afrique Centrale) et Reach Out Cameroon, 53 personnalités camerounaises ont exprimé leur désapprobation à travers une lettre ouverte adressée au ministre Paul Atanga Nji. Cette lettre a pour objectif de contester la suspension de ces organisations et de demander l’annulation immédiate de ces arrêtés.
Les signataires de la lettre, qui incluent des personnalités influentes du monde politique, académique, de la société civile et des droits de l’homme, affirment que ces décisions administratives sont non seulement incompréhensibles, mais également infondées. En effet, ils estiment que les accusations portées contre le Rhedac et Reach Out Cameroon, qui sont des acteurs reconnus dans la défense des droits de l’homme et de la justice sociale au Cameroun, sont graves et nécessitent des preuves concrètes. Selon eux, la suspension de ces ONG pourrait être perçue comme une attaque directe contre la société civile et contre la liberté d’action des organisations humanitaires dans un contexte où la protection des droits fondamentaux reste un enjeu majeur pour la crédibilité du pays.
Les autorités ont justifié ces suspensions par des accusations de financements illicites, de manipulations financières et de violations des normes régissant l’activité des ONG. Toutefois, la lettre des personnalités signataires relève que ces allégations ne sont pas accompagnées de preuves tangibles ou d’une enquête détaillée. En conséquence, ils dénoncent ce qu’ils considèrent comme des décisions hâtives et non étayées. Ils soulignent également que dans un état de droit, des accusations aussi sérieuses devraient être basées sur des faits irréfutables, établis par une enquête rigoureuse et menée dans le respect des procédures légales.
Les signataires de la lettre rappellent que ces organisations, Rhedac et Reach Out Cameroon, jouent un rôle crucial dans la promotion des droits de l’homme, l’assistance juridique et sociale aux plus vulnérables, ainsi que la surveillance de la gouvernance au Cameroun. Ils affirment que leur travail a permis de faire avancer de nombreux dossiers relatifs aux violations des droits de l’homme et a contribué à la légitimité des institutions camerounaises sur la scène internationale.
Au-delà des accusations formulées, les signataires s’inquiètent des conséquences potentielles de cette suspension sur le climat politique et social au Cameroun. En effet, cette action contre des acteurs de la société civile risque de mettre en danger l’équilibre fragile de la démocratie camerounaise, notamment en période électorale. Ils rappellent que la liberté d’association et l’indépendance des organisations de la société civile sont des principes fondamentaux sur lesquels repose la stabilité démocratique du pays.
La lettre souligne également l’importance de la crédibilité internationale du Cameroun. En suspendant des ONG reconnues et respectées comme le Rhedac et Reach Out Cameroon, le pays risque d’envoyer un mauvais signal à la communauté internationale sur son engagement en faveur des droits de l’homme et de la transparence gouvernementale. Les signataires insistent sur le fait que l’état de droit ne peut être préservé que si les institutions judiciaires et administratives agissent avec intégrité, et non sous la pression ou l’influence de décisions politiques.
L’objectif de cette lettre ouverte est clair : demander au ministre Paul Atanga Nji de rapporter les décisions de suspension de ces organisations et de restaurer leur liberté d’action. Les personnalités signataires appellent à une révision des décisions en se basant sur un cadre juridique clair et transparent. Elles insistent sur la nécessité de protéger la société civile, qui constitue un pilier essentiel de la gouvernance démocratique et de la paix sociale dans le pays.
Enfin, la lettre exprime des inquiétudes concernant la stabilité du pays, soulignant que des décisions telles que celles prises contre le Rhedac et Reach Out Cameroon ne font qu’alimenter la division sociale et l’instabilité politique. Les signataires de la lettre appellent à un dialogue constructif entre le gouvernement et la société civile, afin de trouver des solutions adaptées aux défis auxquels le pays est confronté, tout en garantissant les droits et libertés fondamentaux de chaque citoyen.