En 2020, la Russie, aux côtés de la Turquie, avait endossé le rôle de garant du cessez-le-feu en Syrie. Cependant, l’offensive lancée le 28 novembre met Moscou face à des engagements qu’elle peine désormais à honorer, son attention et ses ressources étant presque exclusivement mobilisées par la guerre en Ukraine.
Une fierté devenue une source de tension
Pendant des années, Moscou s’est présenté comme le principal allié du régime de Bachar el-Assad, revendiquant fièrement son rôle dans le maintien de celui-ci au pouvoir. En 2020, la Russie célébrait même la signature du cessez-le-feu comme un succès éclatant. À cette époque, les médias d’État ne tarissaient pas d’éloges sur l’intervention militaire, mettant en avant le rôle déterminant des forces armées russes dans la « défaite du terrorisme international ».
Des reportages diffusés montraient des soldats décorés et des avions de chasse en action, accompagnés de déclarations triomphantes : « La Russie a inscrit un nouveau chapitre dans l’Histoire mondiale, protégeant la Syrie grâce à un puissant bouclier aérien et terrestre », affirmaient-ils.
Une communication en retrait
Quatre ans plus tard, la donne a bien changé. En dépit de la chute d’Alep le 1er décembre, la communication du Kremlin reste limitée. Un bref communiqué militaire évoquant des frappes russes à Idleb, Hama et Alep a été publié dimanche soir, tandis que Vladimir Poutine n’a mentionné la situation que par le biais d’un appel officiel avec son homologue iranien, Massoud Pezeshkian, le lundi 2 décembre. Ensemble, ils ont exprimé leur soutien aux « efforts des autorités syriennes pour restaurer l’ordre constitutionnel ».
Entre stratégie et contraintes
Ce recul contraste fortement avec l’assurance affichée par Moscou à la fin de l’été 2021, lorsqu’elle critiquait sévèrement le retrait américain d’Afghanistan, se posant comme un acteur solide et fiable sur la scène internationale. Forte de ses bases militaires en Syrie, la Russie cherchait alors à élargir son influence en Méditerranée et à défier l’Occident.
Aujourd’hui, les priorités russes sont ailleurs. La confrontation avec l’Occident en Ukraine monopolise les moyens du Kremlin, reléguant la Syrie au second plan. Si certains observateurs attribuent la responsabilité des récents événements à la Turquie ou aux puissances occidentales, des voix critiques émergent aussi en Russie. Par exemple, le canal Telegram Rybar, proche du ministère de la Défense, a déploré le fait que la Russie se soit limitée, après 2020, à des « patrouilles et démonstrations ostentatoires ».
Ainsi, la posture de Moscou en Syrie illustre une réalité complexe : les ambitions internationales de la Russie se heurtent aux limites imposées par ses engagements militaires et économiques actuels.